07 novembre 2020

Chaucidou : facilité quand tu nous tiens

 



Sources de cet article : CEREMA (Centre d’Études et d’expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement, établissement public d’appui aux politiques publiques). Département du Finistère (statistiques du trafic routier 2019).


La chaucidou ou plus précisément Chaussée à Voie Centrale Banalisée (CVCB) est un outil qui permet de prendre en compte les cyclistes dans les cas rares où les contraintes géométriques et circulatoires rendent impossible le recours aux aménagements cyclables traditionnels.

À Plouguerneau, et plus précisément sur la portion de la route départementale 32 entre le bourg et Saint-Michel, il est visible que ce ne sont pas les contraintes géométriques et circulatoires qui ont imposé la chaucidou, mais bien une volonté de faire beaucoup avec peu. Un peu comme nos multiples épisodes d’aménagement de la circulation dans le bourg.

Peut-être un élu a-t-il observé, puis confondant envie et compétence, peut-être a-t-il décidé que disposer un marquage routier sur environ 1,5 kilomètre de voie comportant une dizaine de virages, permettrait de s’affranchir de la prise en compte de la sécurité des piétons et des cyclistes ?

Nous sommes tous d’accord sur le fait que nous sommes nombreux à utiliser la route de Saint Michel à pieds, en skate ou en vélo, et qu’il est nécessaire de sécuriser cet usage.

Voyons dans un premier temps les éléments objectifs et indiscutables que définit le CEREMA :

1- La « chaucidou » permet d'améliorer les conditions de circulation des cyclistes et des piétons et d'affirmer leur présence.

2- Elle permet également de conserver une fluidité du trafic automobile, à vitesse apaisée.

3- Enfin elle permet de rétablir des continuités entre deux voiries pourvues d'aménagements cyclables.

Le CEREMA nous précise également que la réussite du bon usage d’une chaucidou dépend des critères suivants :

1- La vitesse doit être limitée à 50 km/h

2- Le trafic routier doit être limité à 5 000 véhicules/jour

3- La covisibilité est impérative ; voiries avec bonne covisibilité privilégiées (risque d'usage des rives non souhaité en profil bombé ou sinueux).

Les constats de terrain sont les suivants :

Nous n’avons qu’une problématique susceptible d’être solutionnée par une chaucidou. En effet, nous n’avons pas de difficulté de circulation et de fluidité et il n’y avait pas de continuité entre deux voies cyclables à établir (non le camping cariste costarmoricain juilletiste n’est pas un problème de circulation 😉).

Si la vitesse est bien limitée à 50 km/h, cette limite n’est que peu respectée. La pente (ou côte selon notre direction) naturelle d’un côté et la ligne droite de l’autre, incitent la grande majorité des conducteurs à accélérer, sans conscience la plupart du temps.

Le trafic routier sur cette portion de route départementale est estimé jusqu’à 5000 véhicules par jour et plus de 100 poids lourds.

Enfin il nous semble inutile de rappeler la sinuosité de la route.

Voilà pourquoi plus aucune voiture ne roule sur la voie centrale de la chaucidou de Saint-Michel. Cet aménagement n’a convaincu que par son coût moins onéreux que l’aménagement d’une VRAIE voie cyclable.

Bien que là encore on puisse s’interroger les nombreux errements qui ont accompagnés la chaucidou : je peins, j’efface, non je repeins, non je mets des catadioptres …. Nous pensons qu’ils ont largement illustré l’amateurisme et la naïveté des décideurs locaux.

La chaucidou n’est pas adaptée à la route de Saint-Michel, l’usage des rives cyclables par les véhicules est quasi systématique. Et mettre en concurrence sur la même voie un véhicule carrossé, même roulant à 50 km/h, et un piéton ou cycliste sans aucune protection, reste un challenge que nous ne voulons pas cautionner. Nous sommes exaspérés de la politique du bout de ficelle. Nous méritons mieux.

Prolonger la chaucidou jusqu’au bourg, c’est non seulement prolonger le risque, mais c’est aussi prolonger l’amateurisme des aménagements de la commune.

La volonté d’affirmer le vélo comme moyen de déplacement est louable. Mais faisons le bien !